• Les lémuriens

    L'île-continent

    La grande île de Madagascar s'est séparée du continent africain il y a environ 165 millions d'années. Les 400 km de mer qui la séparent de l'Afrique ont formé une barrière infranchissable pour les animaux terrestres. C'est ainsi que de nombreuses espèces ont pu y développer séparément : le taux d'espèces endémiques (qui ne vivent nulle part ailleurs) est tellement élevé que Madagascar est souvent baptisée "île-continent". Les lémuriens, dont il existe une trentaine d'espèces à l'heure actuelle, font partie de ces espèces endémiques.


    Variété

    Bien qu'ils aient tous des traits de comportement plus ou moins semblables, les lémuriens présentent des différences importantes entre les espèces : les plus grands ont la taille d'un chien tandis que les plus petits ne dépassent pas celle d'une souris. Certains sont nocturnes, d'autres actifs en plein jour ; ils vivent presque tous en groupes, mais les relations sociales sont bien plus développées chez certaines espèces que d'autres. La plupart des lémuriens de Madagascar fréquente les forêts, mais on en trouve également dans la brousse couverte de buissons. Les lémuriens se nourrissent  principalement de végétaux comme les feuilles, les fruits, les baies, les bourgeons et l'écorce, mais certaines espèces complètent ce menu végétal en consommant à l'occasion un insecte.


    L'arrivée de l'homme

    On sait aujourd'hui que les premiers humains ayant débarqué à Madagascar il y a environ 2 000 ans ne venaient pas de l'Afrique toute proche, mais plutôt de l'Asie du Sud-Est. Ces premiers habitants menèrent la chasse aux animaux de Madagascar : habitués à l'absence de grands prédateurs et donc peu méfiants, ceux-ci constituaient des proies faciles. En quelques siècles, 14 des 45 espèces de lémuriens présents sur l'île à l'origine avaient été éliminées par la chasse primitive, parmi lesquels un lémurien dont la taille avoisinait celle des gorilles actuels.


    Chasse et tabous 

    Les lémuriens ont toujours été chassés par les habitants de Madagascar. Pourtant, la chasse était soumise à des tabous chez de nombreuses ethnies, ce qui préservait d'une certaine façon les animaux d'une exploitation abusive. Mais avec l'augmentation de la population humaine et l'évolution des mentalités, la plupart de ces tabous ont aujourd'hui disparu et plus aucune espèce de lémurien n'est à l'abri des chasseurs...


    La forêt disparaît

    La chasse représente un grave danger pour la plupart des lémuriens de Madagascar : la population humaine est une des plus pauvres au monde et dépend encore des ressources de la forêt -dont les lémuriens- pour se nourrir. Mais la principale menace qui remet en question l'avenir de ces primates est la déforestation. Autrefois, l'île de Madagascar était couverte à plus de 80% de forêts : aujourd'hui, il en reste à peine 15% ! On distingue plusieurs types de forêts sur l'île, depuis la fore^t sèche riche en plantes épineuses jusqu'à la forêt pluviale qui s'étend dans les montagnes : toutes sont gravement menacées par une population humaine qui connaît un des plus hauts taux de croissance au monde et qui a sans arrêt besoin de nouvelles terres pour l'agriculture.


    Les plus menacés

    Parmi les lémuriens les plus menacés, on peut citer l'indri, le plus grand de tous qui peut atteindre un poids de 10kg, l'aye-aye, un lémurien nocturne, le maki varié, le plus grand hapalémur dont il reste moins de 1 000 individus, le lémur doré des bambous, découvert en 1987 et dont il ne reste également qu'un millier de spécimens dans la nature, ou encore le sifaka de Tattersall. Cette dernière espèce, découverte en 1982 seulement, ne vit que sur un territoire grand d'environ 25 km2 dans le nord-est de l'île de Madagascar : ses effectifs sont estimés à quelques centaines d'animaux...


    Une priorité pour la conservation

    L'île de Madagascar est considérée comme une priorité mondiale par les organisations pour la conservation de la nature, vu le nombre exceptionnel d'espèces endémiques qu'on y trouve. Mais les problèmes à surmonter sont énormes : pour protéger les forêts, il faut donner aux habitants des ressources leur permettant de ne plus dépendre des produits de la forêt, améliorer les rendements agricoles pour éviter le déboisement... Madagascar compte aujourd'hui un réseau de parcs nationaux et de réserves naturelles qui couvrent au total près de 1/10 de la superficie de l'île : mais ces sites protégés manquent généralement de moyens et pour assurer aux lémuriens une protection permettant de garantir leur avenir à long terme, les efforts de conservation doivent s'étendre au delà de ces zones, c'est-à-dire dans les terres convoitées ou déjà exploitées par les hommes...


    En savoir +

    Les seuls lémuriens vivant hors de Madagascar sont le lémur mongoz et le lémur brun, que l'on trouve aux Comores (un archipel de l'océan Indien).

    L'étrange aye-aye est considéré comme un mauvais présage par certaines peuplades de Madagascar, qui le persécutent pour cette raison.

     

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